Comme dans la chanson de Balavoine, je me présente, Roland Kluger, belge, 76 ans, marié depuis bientôt 55 ans, vivant à Paris depuis 30 ans, père de 2 enfants et de six petits enfants qui vivent à Paris, juif et belge, j’allais oublier né à Ville Neuve de Berg un dimanche matin, tôt, le 12 Avril 194 » et pour être complet baptisé par sécurité, pas par conviction le dimanche suivant le 14 Avril à l’église de Ville Neuve de Berg.
De VdB, que j’ai quitté pour Bruxelles, juste après la libération en Juin 1945, je n’ai aucun souvenir.
Ma famille est arrivée d’Anvers en Belgique à Vdb en Novembre 42, les papiers en témoignent et hasard de la vie le suivi à Vichy (j’adore l’expression) est restée, heureusement, sans suite.Sur le document à gauche relatif à mon père, il en est de même pour les autres membres de la famille il est indiqué “Catholique” en rouge “sans aucune preuve”.
Henry Steger, le frère de ma grand mère, qui a fait du repérage et à fait le bon choix de VDB. Il est arrivé à VdB avant nous a été emmené en 1943 par la police française pour travailler en Allemagne.
Ma grand mere et mon pere sont nés à Anvers et ma mere et mon grand père en Pologne.
En 1944, les FFI ont abattu un soldat allemand derrière la porte de l’hôpital et en punition un avion est venu jeter une bombe. Mon oncle Johnny travaillait comme maçon. Aucune dénonciation n’a été faite. notre séjour fut paisible, sauf une seule visite des allemands,. Les habitants avaient prévenus et la famille est aller se cacher dans la forêt pour une journée.
Depuis j’ai appris que quelque temps avant notre arrivée la famille Kellerman de Bruxelles, fut arrêtée. A quoi les événements de la vie tiennent!
Durant ma jeunesse à Bruxelles, de VdB il fut rarement question, ma mere à bien évoqué une soeur religieuse, accoucheuse bienveillante, qui lui conseilla à ma naissance, de me faire baptiser.
Les années ont passées, je pensais que le lieux de ma naissance était sans rapport avec ma vie . Un peu, comme de faire l’impasse aux signes astrologique du jour de sa naissance. Encore que sans y croire on retrouve bien des traits de caractères aux béliers mon signe), verseaux etc.
J’étais néanmoins conscient d’une dette morale envers VdB et ses habitants.
Les propos de robert Badinter faisait écho quand il évoquait les années de guerre et la conduite des Français. En particulier Cognin en périphérie de Chambéry ou il avant été caché sous le nom de Berthet.
La démarche des justes, de Yad Vachem, m’était peu familière. Le seul nom évoqué est celui de la famille Ressayre.
Mon père est mort en 1963, à 51ans, sans avoir souhaité une telle démarche, probablement trop occupé à faire oublier ses années de guerre.
Ma mere y a pensé mais il lui a manqué l’aide de ses deux enfants dont mon frere Jean arrivé à VdB à l’âge de 7 ans . Il a dans un article évoque ses souvenirs. J’en extrait
“J’entrai à l’école communale, j’avais cinq ans, ne parlais que le flamand, pas un mot de français et j’appris directement cette langue avec l’accent du Midi. Je disais : le paing, le ving et les copaings…”
En ….maman a souhaité revenir à VdB, un rdvs à la Mairie pris. Nous étions cinq, ma mere, mon frère et moi et nos épouses.
Mais rien ne devait se dérouler comme prévu. Accueilli par le tonnerre d’un bel orage, à la mauvaise heure, celle du déjeuner ou la maire est fermée.
Nous nous sommes promenés dans le village, quelque peu desert. Evoqué peu de souvenirs. Quelques photos et la faim aidant, trop impatient pour attendre le réveil du village et de la mairie, nous sommes repartis, sans aucune rencontre. Avec le recul, dommage!
Il y a deux, trois ans, conscient de la montée de l’antisémitisme en France, j’ai pensé que le moment était venu de revenir à VdB, de mettre en avant ce qui a été fait avant que les témoins soient morts. Je pensais aux “justes”, mais trop tard, j’apprend le deces de Mr Ressayre Paul en 2014 à 91 ans.
Trop tard, pour cette démarche.
J’apprend alors l’existence d’un comité français de Yad Vachem à l’origine du Réseau « Villes et Villages des Justes de France
Il y est que du Travail mémoriel de la mémoire au travers l’education , seminaires yad vachem à destination des des enseignants avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah sous le titre generique Eduquer et Transmettre
Le projet pédagogique choisi pour 2019/2020 Entrer en Resistance comprendre- refuser-resister
J’appelle la mairie, j’ai le plaisir de parler à Mr Christian Aubugier. Son grand pere adjoint au maire a signé mon acte de naissance.
Il me parle des organisations des revues du site des enfants de VdB. Je n’arrive pas à l’interesser à la démarche de rejoindre les Villes et Villages des justes de France.
L’enseignement pourquoi pas, il me renvoie vers Mr Kriatt Mustapha le principal. Après plusieurs tentatives, pas évidentes, je peux lui parler d’en faire un projet de classe, valoriser les anciens deVdB. Et comme dans un sport populaire dans la région, le rugby, il m’indique deux professeurs d’histoires. Je ne réussirai pas l’essai.
Je veux espèrer qu’au delà de mon témoignage, nous ou plutôt vous les habitants de Vdb puissiez collecter les derniers témoignages avant qu’ils ne tombent dans l’oubli. Enseigner, transmettre au plus grand nombre, afin que l’histoire ne se répète pas.
Quoique l’histoire véhicule aussi du positif. Ainsi, lorsque j’apprend que VdB accueille aujourd’hui des réfugiés d’Irak. LA boucle serait elle bouclée. VdB est il porteur d’un ADN qui mérite de se perpetrer..
